Titres) : Au fil des jours, au grĂ© du temps, Ă  Guillon [Texte imprimĂ©] / Lucette Hannequin. Publication : Guillon (89420) : L. Hannequin, 1984. Impression : 89-Saint-LĂ©ger-Vauban : DerriĂšrela rose, un cardĂšre (chardon) sauvage ou cardĂšre Ă  foulon, appelĂ© aussi cabaret des oiseaux car la structure de sa tige et de ses feuilles lui permet de rĂ©colter l'eau de pluie et de servir d'abreuvoir aux oiseaux. Leblog de monsetta "au grĂ© des jours, au fil du temps" - Mon blog va recueillir des articles que j'ai Ă©crits ces derniĂšres annĂ©es en diverses circonstances. Ils sont en relation Bonde rĂ©duction Au GrĂ© Du Temps. Ce restaurant propose des offres spĂ©ciales et des promotions. Pour en profiter, saisissez votre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone ou votre adresse e-mail : Aufil des jours, je retrouve ses Ă©crits de souffrance. Vous aurez Ă  coup sĂ»r d'autres surprises plus positives au fil des jours. jw2019 En fait, au fil des jours, il s'Ă©tait dit Trajectoires– Au fil du temps, au grĂ© du lieu. 6.99 € – 13.90 €. En filigrane de ce rĂ©cit autobiographique, il y a comme une mĂ©ditation un brin nostalgique sur le temps, surtout LaFerme Au GrĂ© Du Temps. 662 likes · 36 talking about this. Venez dĂ©couvrir La ferme au grĂ© du temps Ă  Vernot. Diverses productions, de l'Ă©levage Meta Business Suite. Home. Posts. Reviews. Videos. Photos. About. Community. See more of La Ferme Au GrĂ© Du Temps on Facebook. Log In. or. Create new account. See more of La Ferme Au GrĂ© Du HAIKUHIVER HAIKU DU JOUR >> 27 novembre 2010 6 27 / 11 / novembre / 2010 10:15. AU FIL DU TEMPS Partager cet article. Repost 0. Published by Au grĂ© d'un souffle-dans INTERLUDE commenter cet article HAIKU HIVER HAIKU DU JOUR >> commentaires. Ajouter un commentaire Bienvenue ! Blog: Au grĂ© d'un souffle Description AugrĂ© des mots, au fil du temps aux Ă©ditions Publibook. OĂč est l'origine ? Quelle est la cause primordiale ? Qu'est-ce que mourir ? Nos existences relĂšvent-elles de l'absurde ou bien sont-elles douĂ©es d'un sens qui s VillechargĂ©e d'histoire qu'elle assume avec sagesse et dignitĂ©, Montauban existe depuis bientĂŽt neuf siĂšcles. Cependant, cet ouvrage n'est pas un livre FkcH. Contenu et mots-cles Les sites Internet importants et populairesLe site Internet avec le site principal "Au Fil Des Jours..." propose aussi de contenu sur les sites Menvoyer Un Mil ?, Le MaĂźtre De Nu-West ! et Souvent ProposĂ© Ici. Ci-aprĂšs une liste avec les 10 sites Internet les plus importants de Description URL du site Internet 1. Au Fil des Jours... / 2. Men­vo­yer un mil ? /p/men­vo­ 3. Le MaĂźtre de Nu-West ! /2020/09/ 4. sou­vent pro­posĂ© ici /search?q=nu-West 5. Fai­re de la /2020/08/faire-de-la-re­sistan­ 6. Demo­nia /2017/08/educa­tion-et-canne-anglai­ 7. Fes­ses en vrai /search/label/Fesses en vrai 8. Acces­soi­res et i­nep­ties /search/label/Acces­soi­res et i­nep­ties 9. Trucs per­son­nels... /search/label/Trucs per­son­nels... 10. TestĂ© pour vous /search/label/TestĂ© pour vous Des sujets d'actualitĂ© pour Informations techniques On exerce beaucoup de sites sur ce serveur web. L'exploitant utilise ce serveur web pour des clients d'hĂ©bergement. En tout, on exerce au moins 955 sites Internet. La langue des sites est principalement français. Les sites Internet de sont exercĂ©s par un serveur web de Google Web Server. Les pages HTML ont Ă©tĂ© créés dans la derniĂšre norme HTML 5. Dans les mĂ©ta-donnĂ©es le site fait pas d'informations sur l'enregistrement de ce contenu dans les moteurs de recherche. Par consĂ©quent, le contenu est enregistrĂ©e dans des moteurs de recherche. 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Ce site utilise Akismet pour rĂ©duire les indĂ©sirables. En savoir plus sur comment les donnĂ©es de vos commentaires sont utilisĂ©es. La commission histoire et patrimoine en association avec la commission tourisme a crĂ©e un circuit touristique historique. Reparti sur 19 lutins, il vous fait dĂ©couvrir les facettes souvent mĂ©connues de Varaville. 3 boucles vous sont proposĂ©es la boucle du HĂŽme de 4,5 Km du lutrin 1 Ă  11 la boucle des dunes de 2,8 Km du lutrin 12 Ă  15 que vous pouvez faire Ă  la suite la boucle du Bourg de 0,6 Km du lutrin 16 Ă  18 avec une extension au lutrin 19 situĂ© dans le marais Ă  1,5 Km du Bourg au niveau de la stĂšle de Guillaume le ConquĂ©rant. Pour accĂ©der Ă  la carte interactive, vous pouvez cliquer ci-dessous “lien vers la carte interactive Varaville au fil du temps” N°1 – Le tramway Decauville et la gare du HĂŽme Le 11 janvier 1869, Auguste Le Provost de Launay, prĂ©fet du Calvados, annonce au Conseil gĂ©nĂ©ral la rĂ©alisation du projet de monsieur Le Sueur de Gromesnil Ă©tablir une ligne de chemin de fer Caen-Trouville. En 1888, la concession de la ligne est accordĂ©e Ă  l’ingĂ©nieur Paul Decauville 1846-1928. Le 15 juillet 1892, le tramway est mis en service. ImaginĂ© pour circuler facilement dans les villages, il dessert Cabourg et Dives-sur-Mer. Il passe par le HĂŽme avec un arrĂȘt devant l’hippodrome. On l’appelle communĂ©ment le Decauville », le petit tacot », le tortillard ». Conçu pour le convoyage de produits agricoles, il s’impose comme moyen de transport en commun grĂące Ă  sa facilitĂ© d’installation et son Ă  faible encombrement. C’est un tramway Ă  vapeur circulant sur des voies Ă©troites avec un Ă©cartement entre les rails de 60 centimĂštres. Le convoi comporte des voitures avec compartiments de 1re classe aux banquettes rembourrĂ©es et garnies de velours, de 2e classe avec dossiers rembourrĂ©s et de 3e classe avec bancs en bois. D’autres voitures sont adjointes pour les bagages et les matĂ©riaux. Pendant l’étĂ©, des wagons de type chars Ă  bancs », trĂšs apprĂ©ciĂ©s des touristes et des baigneurs, sont mis en service. Le Decauville relie Caen Ă  Dives-sur-Mer en deux heures. De la gare de Caen, il rejoint BĂ©nouville en longeant le canal, puis Ouistreham dans un sens ou Dives-sur-Mer dans l’autre. En prenant la direction de Sallenelles et de Franceville, il fait une halte au HĂŽme Sainte-Marie juste avant l’entrĂ©e du HĂŽme. Les haltes sont de simples points d’arrĂȘts dĂ©pourvus de bĂątiments pour les voyageurs. Ils permettent de monter et descendre sans bagages. Il y a trois stations au HĂŽme la halte Bourgeois » au niveau de la rue Henri Bourgeois, l’arrĂȘt de la gare du HĂŽme » et la halte Bonnaric » dit l’écriteau » au niveau du club-house du golf. En 1896, l’essor du tourisme induit par Charles Bertrand, propriĂ©taire du Grand HĂŽtel et du casino et nouveau maire de Cabourg, profite au tramway. Ce n’est pas sans problĂšme. Il cohabite sans aucune rĂšgle de sĂ©curitĂ© avec les hippomobiles, les automobiles, les bicyclettes et les piĂ©tons tandis que chevaux et bestiaux effrayĂ©s gĂȘnent son passage. Les accidents et les collisions sont frĂ©quents et parfois mortels ; les dĂ©raillements sont nombreux. MalgrĂ© sa relative lenteur, le Decauville rend de nombreux services aux habitants et aux touristes qui, arrivĂ©s Ă  Caen ou Ă  Dives-sur-Mer, peuvent accĂ©der facilement Ă  leurs lieux de villĂ©giature ou venir dĂ©couvrir le champ de courses du HĂŽme. En 1914, il n’y a plus qu’un seul arrĂȘt, situĂ© Ă  la gare du HĂŽme. Une extension de la ligne jusqu’à Dives-sur-Mer est rĂ©clamĂ©e par les usagers. Pour traverser la Dives, le pont trĂšs Ă©troit ne permet pas le passage simultanĂ© du tramway et des vĂ©hicules. La population est divisĂ©e faut-il faire descendre les passagers et les bagages et reprendre une autre ligne aprĂšs le pont ou faire attendre les vĂ©hicules quelques minutes ? C’est cette derniĂšre solution qui est retenue. La mise en service des lignes d’autobus entraĂźne la fermeture de la ligne le 29 septembre 1932. Toutes les stations du Decauville ont Ă©tĂ© construites dans le mĂȘme style, avec des colombages. Beaucoup sont alors dĂ©truites. Le sort de la petite gare du HĂŽme est plus heureux. En 1966, gĂȘnant le projet d’élargissement de la route, elle est dĂ©montĂ©e puis remontĂ©e plus Ă  l’ouest Ă  quelques dizaines de mĂštres. Elle devient tour Ă  tour agence postale et syndicat d’initiative », puis office de tourisme », avant de devenir Varaville Informations ». N°2 – Les origines Ă©tymologiques – L’école communale La plus ancienne mention connue de Varaville est Wadechervilla en 1025, suivie de Waraville 1155, Varrevilla 1190 et Varavilla 1230. Wadechervilla vient du bas-latin wadum » qui dĂ©signe un guĂ©, et du vieux français cher » qui signifie marais », tandis que la terminaison villa » indique au Moyen Âge un domaine rural ou un village. Varaville est donc littĂ©ralement le village du guĂ© du marais », ce qui s’accorde tout Ă  fait avec sa position Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la chaussĂ©e romaine qui a permis le franchissement des marais de la Dives et de la Divette. Si les origines du village et de la paroisse de Varaville remontent au haut Moyen Âge, on y a aussi trouvĂ© des vestiges gaulois et romains qui prouvent que des gens ont vĂ©cu lĂ  bien avant l’an mil. Au XIIe siĂšcle, Varaville est aux mains des puissants comtes d’Évreux qui y fondent un bourg, une petite agglomĂ©ration rurale ; ce bourg est Ă  peu de chose prĂšs le mĂȘme qu’aujourd’hui. Le HĂŽme, domaine rural rattachĂ© Ă  Varaville, n’est nommĂ© dans l’écrit qu’à la fin du Moyen Âge, mais son origine remonte Ă  l’époque des vikings elle dĂ©coule du norois holm », dĂ©signant une Ăźle ou une terre entourĂ©e d’eau, que l’on retrouve par exemple dans Stockholm. Le holm, devenu au fil des siĂšcles le Holme », puis le Homme » et enfin le HĂŽme » par contraction des deux M, correspond Ă  une portion de terre situĂ©e en rive gauche de l’ancien estuaire marĂ©cageux de la Dives, entre la plage au nord, la limite de Varaville Ă  l’ouest, les Panoramas Ă  l’est, et les fermes d’Osseville et du HĂŽme au sud. Un peu d’orthographe En 1893, Jules Sevrette explique dans L’écho de Cabourg que l’orthographe moderne du HĂŽme vient d’un anglomane qui, en rĂ©fĂ©rence Ă  une chanson de l’époque Home ! Sweet Home !, de Henry Rowley Bishop, 1823 nomme sa villa Sweet Home ». On trouve en effet le Homme » avec deux M » sur la carte de Cassini vers 1750 et le cadastre de 1826, alors que les premiĂšres cartes topographiques Ă©ditĂ©es en 1879 et 1892 indiquent Le Home ». L’accent circonflexe n’apparaĂźt qu’en 1950. Quelques lieux-dits des environs, de mĂȘme origine, ont conservĂ© quant Ă  eux les deux M » de leur ancienne orthographe les Hommets », Suhomme », Homme »  L’école communale voit le jour en 1926. AprĂšs une pĂ©riode de transition dans la salle Ă  manger d’une villa de la rue des Bains, la municipalitĂ©, sous l’égide d’Arthur Martine, se dote d’une vaste classe et d’une maison de fonction pour l’instituteur. GrĂące au prĂ©ventorium » qui fournit 6 Ă  7 Ă©lĂšves, la petite Ă©cole comptera jusqu’à 30 Ă©lĂšves, puis 49 en 1939, entre les enfants du HĂŽme, les petits parisiens et les enfants de l’orphelinat de Galignani de Corbeil-Essonnes. Madame Magdeleine y crĂ©e plus tard deux nouvelles classes l’une pour les plus petits dans les locaux de BĂ©thanie, et l’autre, l’école Deschiens », dans la salle de la villa BrĂšche VallĂ©e », prĂȘtĂ©e par madame Deschiens. Pour l’anecdote, son mari Victor, pharmacien Ă  Paris, est l’inventeur de l’hĂ©moglobine Deschiens, qui a fait sa renommĂ©e pendant la Grande Guerre. L’école du HĂŽme ferme ses portes en 1973 ; ses locaux accueillent aujourd’hui la bibliothĂšque municipale. N°3 – La chapelle Saint-Joseph En 1870, Armand Leclerc, nĂ©gociant Ă  Rouen, ambitionne de bĂątir au HĂŽme non pas une maison de vacances mais un grand hĂŽtel, face Ă  la mer. InaugurĂ© en 1879, Leclerc lui adjoint quatre ans plus tard une chapelle privĂ©e, en bord de route. Son architecture, combinant la brique et la pierre calcaire, la rapproche de l’église Saint-Aubin de Houlgate, inaugurĂ©e en 1878. Le 17 mai 1884, Monseigneur Hugonin donne l’autorisation de l’utiliser pendant deux mois par an pour ce que l’on appelle la colonie des baigneurs ». Elle est consacrĂ©e dĂ©but aoĂ»t 1884. Le 17 mars 1892, Armand Leclerc se retire et vend la chapelle Ă  la paroisse pour 3 020 francs. En 1893, le prĂ©sident de la RĂ©publique Sadi Carnot et le ministre des cultes Raymond PoincarĂ© accordent par dĂ©cret l’utilisation de celle-ci comme chapelle de secours de la paroisse, en raison de l’inondation rĂ©guliĂšre des chemins reliant Le HĂŽme au bourg de Varaville. La nouvelle cloche de la chapelle est baptisĂ©e Marie-Louise par son donateur Anthime Cornu et sa marraine Louise-Henriette Maurisset. Le 9 dĂ©cembre 1905, lors de l’adoption de la loi de sĂ©paration des Églises et de l’État, la chapelle devient propriĂ©tĂ© de la commune. En 1930, l’abbĂ© Étienne reçoit en donation la petite maison prĂšs de la chapelle qui devient son presbytĂšre pendant la saison. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle sert de dĂ©pĂŽt de munitions aux Allemands. L’édifice souffre des combats de 1944 Ă  l’ouest, une large brĂšche s’inscrit de la base au clocher, tandis qu’à l’est le mur est bĂ©ant jusqu’au sommet. Le petit clocher octogonal est Ă  claire-voie et la cloche en morceaux. La chapelle est restaurĂ©e en 1945 et retrouve en 1948 des vitraux neufs rĂ©alisĂ©s par Georges-Pierre Sagot 1898-1975, maĂźtre peintre-verrier Ă  Bayeux. Ces vitraux flamboyants » de la nef et du chƓur, sur le thĂšme des BĂ©atitudes », sont remarquables par leurs teintes rouges, orangĂ©es et violettes. La plupart comportent des dĂ©dicaces, dont celle de la famille Walrand qui a financĂ© les anciens vitraux en mĂ©moire de leur fils Pierre, dĂ©cĂ©dĂ© en 1915 Ă  l’ñge de 22 ans. Le 30 aoĂ»t 1949, l’abbĂ© Étienne reçoit l’évĂȘque Monseigneur Picaud pour la bĂ©nĂ©diction de la chapelle restaurĂ©e. Au clocheton octogonal a succĂ©dĂ© une flĂšche de type augeron couverte d’ardoises. La cloche Marie-Louise, dĂ©truite, est remplacĂ©e par celle de l’église du bourg, fondue en 1816, un peu Ă©brĂ©chĂ©e par sa chute mais toujours fonctionnelle. Sur la façade sud, d’étroites baies encadrent le porche, surplombĂ© par trois occulus en forme de croix que surmonte une frise gĂ©omĂ©trique en dents-de-scie dĂ©limitant le haut fronton. Celui-ci, percĂ© d’une niche, accueille la statue de Saint-Joseph, patron des charpentiers, des bĂątisseurs et des causes difficiles. N°4 – La naissance du HĂŽme Au XVIIIe siĂšcle, le HĂŽme est encore une vaste prairie inondable longĂ©e par une dune. Depuis la mort du marquis ThĂ©odore-Marc de Saint-Pierre, son fils AldĂ©ric est propriĂ©taire d’un patrimoine de 223 hectares. En 1864, il en cĂšde 196, dont la ferme du HĂŽme, Ă  Jacques MalhĂ©nĂ©, un promoteur qui revend ses terrains par lots, contrairement Ă  Cabourg oĂč monsieur Durand-Morimbau trace des rues pour diviser le terrain en parcelles. Chaque acquĂ©reur d’un lot au HĂŽme doit dĂ©fricher une allĂ©e menant de la route Ă  la mer, Ă  qui il donne bien souvent son nom. Les premiĂšres maisons du HĂŽme sont Ă©rigĂ©es Ă  l’ouest vers Merville-Franceville. L’hĂŽtel Sainte-Marie voit le jour. Petit Ă  petit, de Cabourg Ă  Sallenelles, de belles villas se dressent sur le bord de mer, faisant la joie des promeneurs amenĂ©s par le tramway. En 1880, la SociĂ©tĂ© des terrains du HĂŽme » construit le Grand HĂŽtel. Il sera rachetĂ© par Armand Leclerc en 1884. Alors que Le HĂŽme se dĂ©veloppe, plusieurs colonies de vacances y apparaissent et prennent le nom des villes qui les ont créées le Gai-sĂ©jour » Saint-HonorĂ©-d’Eylau, l’Andelysienne », les Chalets corbeillois », BĂ©thanie » fonctionnent Ă  plein. Le HĂŽme s’équipe pour pouvoir accueillir une population Ă  l’annĂ©e. On y trouve un Grand Bazar », une boucherie, une charcuterie, trois Ă©piceries, un dĂ©pĂŽt de pain, une pĂątisserie, deux hĂŽtels-restaurants, un cafĂ© et des entreprises artisanales de maçonnerie, menuiserie, peinture, couverture, plomberie
 La chapelle Saint-Joseph et la mairie annexe, ouverte dans l’actuelle charcuterie de l’avenue PrĂ©sident RenĂ© Coty, permettent d’en faire un vrai village. AprĂšs 1944, le tourisme est en plein essor et le HĂŽme, avec sa magnifique plage et ses dunes sauvages, est trĂšs apprĂ©ciĂ© ; de nombreuses villas estivales ou rĂ©sidentielles y voient le jour. Le quartier des Panoramas Ces terrains en bord de mer, entre le golf et l’avenue des Devises, propriĂ©tĂ© de Jacques MalhĂ©nĂ©, sont vendus en 1867 Ă  Hyppolyte Toupet qui y construit en 1871 la ferme des Panoramas, puis en 1898 Ă  Pierre Derenne, un imprimeur parisien. Le 11 aoĂ»t 1899 voit la naissance du quartier des Panoramas, dont les rues font souvent rĂ©fĂ©rence aux premiers propriĂ©taires. Les dĂ©buts sont toutefois difficiles. En 1914, ne sont guĂšre bĂąties plus de 10 grandes villas, puis une trentaine de maisons en 1920. En 1926, la sociĂ©tĂ© Cabourg-Panoramas » rachĂšte les lots invendus aux hĂ©ritiers Derenne, sa sƓur Marie et son neveu Augustin Phelipot, et projette un nouveau plan de lotissement intĂ©grant les parcelles situĂ©es au sud de l’avenue PrĂ©sident RenĂ© Coty et Ă  l’est de l’avenue des Devises, vers Cabourg. La publicitĂ© de l’époque vante les atouts de la plage et les moyens de transport qui permettent d’y accĂ©der. Toutefois, la crise s’invite. En 1935, la sociĂ©tĂ© Cabourg-Panoramas » est dissoute et les lots invendus sont partagĂ©s entre les actionnaires. Le lotissement de la plage des Panoramas En 1899, Jean-Baptiste Desplats achĂšte trois lots pour 4,1 hectares Ă  Pierre Derenne qu’il revend en 1907 Ă  son gendre Paul Desombre, associĂ© Ă  son frĂšre Georges. En 1910, Paul rachĂšte les terrains de son frĂšre et divise en 55 parcelles les trois lots rĂ©unis, baptisĂ©s la Plage des Panoramas ». Lors de la crĂ©ation de l’actuelle rue Paul Desombre, le nombre de ces parcelles sera rĂ©duit Ă  33. N°5 – La Seconde Guerre mondiale L’église Saint-Germain en 1944 collection privĂ©e. L’invasion allemande fait fuir des milliers de familles de Belgique, du nord et de l’est de la France. À Varaville, la commune les hĂ©berge au prĂ©ventorium et dans les villas de particuliers. Le maire Paul Leroy estime la population de la commune Ă  plus de 2 000 personnes. Mi-septembre, aprĂšs la signature de l’armistice, ils sont tous repartis. Les Allemands s’installent alors au HĂŽme oĂč ils rĂ©quisitionnent 80 villas et le prĂ©ventorium. Le HĂŽme accueillera ainsi jusqu’à 800 soldats du Reich. Une antenne de la Kommandantur de Cabourg s’installe au HĂŽme, villa Suzanne ». Au mois de mai 1942, la plage n’est plus accessible qu’aux pĂȘcheurs, et seulement par les rues Armand Leclerc et Saint-Louis. Sur la cĂŽte, des blockhaus apparaissent un peu partout, construits par des ouvriers requis par l’organisation Todt. La milice, qui rĂ©unit prĂšs de 80 membres locaux, participe aux rafles, sous l’autoritĂ© de la Gestapo. En rĂ©ponse, la rĂ©sistance s’organise. GeneviĂšve Cebost, secrĂ©taire de mairie et membre du rĂ©seau franco-belge ZĂ©ro-France, renseigne sur les troupes Ă©tablies dans la commune, fabrique des fausses cartes d’identitĂ© avec la complicitĂ© du maire et exfiltre les rĂ©fractaires au STO et les aviateurs abattus. Les informations transmises aux AlliĂ©s sur les dĂ©fenses cĂŽtiĂšres seront d’une aide prĂ©cieuse dans la prĂ©paration du DĂ©barquement. Au printemps 1944, les Allemands s’attendent Ă  un dĂ©barquement alliĂ© sur les cĂŽtes de la Manche. L’accĂšs aux villas est interdit puis, fin fĂ©vrier, la population du HĂŽme est Ă©vacuĂ©e. Le marĂ©chal Rommel crĂ©e une dĂ©rivation de la Dives pour inonder les marais et 600 hectares de prairies pouvant servir de terrains d’atterrissage. Un barrage artificiel, prenant appui sur le pont de la Dives, entre Brucourt et Varaville, fait dĂ©border le fleuve. En quelques semaines, l’eau envahit les marais et atteint le seuil des maisons. Rommel fait Ă©galement abattre 2 500 pins dans les parcs des villas, afin de planter 5 000 poteaux hauts de 4 mĂštres sur la plage les fameuses asperges de Rommel », reliĂ©es entre elles par des kilomĂštres de barbelĂ©s et des chapelets de mines. Enfin, un immense fossĂ© antichar est creusĂ© Ă  travers le terrain de golf, au niveau des trous n°7 et 12, et vers le Bas-Cabourg. Sur les routes, 60 000 mines sont posĂ©es. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, des centaines de parachutistes de la 6e Airborne Division britannique sont larguĂ©s au-dessus de Varaville. Beaucoup tombent dans les marais ; 300 se noient dĂšs leur arrivĂ©e. Les paras du 9e bataillon, sous les ordres du colonel Otway, doivent marcher vers la batterie de Merville pour en neutraliser les canons. Sur les 750 hommes larguĂ©s dans le ciel, seule une centaine parvient Ă  faire taire la batterie, tandis que leurs camarades font sauter les ponts de la Dives afin d’empĂȘcher l’arrivĂ©e des renforts ennemis. À Varaville, le chĂąteau, occupĂ© par les Allemands, est pris d’assaut tandis que les sapeurs dynamitent le pont de la Divette. Des Varavillais font le coup de feu Ă  leurs cĂŽtĂ©s et les guident dans le marais. Le bourg est libĂ©rĂ© Ă  l’aube. Le 7 juin, les Allemands contre-attaquent. MalgrĂ© la destruction du pont, la Divette est franchie aisĂ©ment. InfĂ©rieurs en nombre et ne disposant que d’armes lĂ©gĂšres, les paras canadiens se replient vers Ranville. ÉvacuĂ©, le bourg est bombardĂ© deux mois durant, tandis que les combats font rage de Troarn Ă  Sallenelles. L’église, ravagĂ©e, sert d’hĂŽpital militaire. Le 17 aoĂ»t, l’opĂ©ration Paddle est dĂ©clenchĂ©e paras et commandos britanniques, aidĂ©s de la brigade Piron, marchent en direction de la Seine. Le commando 3 du colonel Peter Young investit le bourg et fait fuir les Allemands qui dĂ©truisent le pont de la Dives derriĂšre eux. SimultanĂ©ment, les Belges de la brigade du colonel Piron libĂšrent le HĂŽme, puis Cabourg. Les bombes ayant Ă©ventrĂ© les digues, l’eau salĂ©e a remplacĂ© l’eau douce et il faudra des annĂ©es pour que le marais soit de nouveau exploitable. À leur retour, les Varavillais trouvent la chapelle et le prĂ©ventorium sinistrĂ©s, leurs maisons et villas bombardĂ©es et pillĂ©es. Tout est minĂ© les parcs des villas, le golf, la plage
 Il faut Ă  prĂ©sent reconstruire l’avenue PrĂ©sident RenĂ© Coty et son alignement de maisons verront le jour dans l’aprĂšs-guerre. N°6 – Le grand hĂŽtel et le prĂ©ventorium En 1877, la SociĂ©tĂ© des terrains du HĂŽme est constituĂ©e par Armand Leclerc et Aimable Roussel, un avocat du Havre. Elle achĂšte deux ans plus tard une parcelle de 6 400 m2 Ă  Jacques MalhĂ©nĂ©, sur laquelle elle construit le Grand HĂŽtel sur la dune, face Ă  la mer. Il est inaugurĂ© en 1880. De chaque cĂŽtĂ© du bĂątiment central se trouvent les chambres et les cabines de bains. Un escalier descend Ă  la plage. En 1884, Armand Leclerc rachĂšte l’établissement Ă  la sociĂ©tĂ© ainsi que 27 hectares de dunes situĂ©es Ă  l’est de la propriĂ©tĂ© de Jacques MalhĂ©nĂ©. Il y construit sa maison la LĂ©ontine » et la chapelle Saint-Joseph. La rue Adrien Lebeaux, qui y mĂšne depuis Cabourg, s’est appelĂ©e autrefois rue Armand Leclerc », jusqu’au jour oĂč elle est dĂ©baptisĂ©e aprĂšs-guerre par crainte de confusion avec l’avenue GĂ©nĂ©ral Leclerc. Le 20 septembre 1891, Armand Leclerc dĂ©cide de se retirer. Le Grand HĂŽtel du HĂŽme avec 30 lots sont mis en vente par adjudication. Ils trouvent preneur l’annĂ©e suivante lorsqu’Aimable Roussel acquiert le Grand HĂŽtel, la Savoyarde » et 16 hectares de terrain. Le 31 aoĂ»t 1892, aprĂšs le dĂ©cĂšs d’Aimable Roussel, ses huit hĂ©ritiers, dont Vincent Roussel 1864-1934, revendent l’hĂŽtel et une parcelle de 8 050 m2 Ă  William Pineau, hĂŽtelier Ă  Saint-Pierre-lĂšs-Elbeuf. L’établissement devient une succursale saisonniĂšre ouverte deux mois par an. Le reste de l’annĂ©e, le HĂŽme est un dĂ©sert oĂč n’habitent que les gardiens des villas. En 1910, Hilarion Pineau succĂšde Ă  William. Il revend l’hĂŽtel en 1914 Ă  EugĂšne Guillet. InoccupĂ©, l’établissement est rĂ©quisitionnĂ© par l’armĂ©e qui en fait une maison de convalescence pour les blessĂ©s de guerre. Le 24 mars 1920, EugĂšne Guillet, trĂšs ĂągĂ© et sans hĂ©ritier, fait don de l’ensemble Ă  l’association de l’hĂŽpital Saint-Joseph de Paris. La maladie la plus frĂ©quente et la plus redoutĂ©e Ă  l’époque est la tuberculose. En 1922, l’hĂŽtel devient un prĂ©ventorium pour les enfants poitrinaires ou vivant dans un milieu menacĂ© de contagion. Sous la surveillance vigilante des sƓurs, ils y trouvent un environnement vivifiant et sain, un Ă©quilibre alimentaire, une hygiĂšne de vie et du repos. Entre les rues Jacques MalhĂ©nĂ© et Adrien Lebeaux, l’association dispose pour ses petits pensionnaires d’un grand espace de dunes oĂč seront plantĂ©s des pins et des cyprĂšs. En 1925, grĂące au don de Madame de Sarres, le prĂ©ventorium se dote d’une chapelle et d’une aile afin de recevoir les enfants, de plus en plus nombreux en pĂ©riode estivale. La chapelle est bĂ©nie par le vicaire gĂ©nĂ©ral de Bayeux. Les familles parisiennes rendre visite Ă  leurs enfants dĂ©couvrent la rĂ©gion et certains choisissent d’y revenir ou d’acquĂ©rir une parcelle pour y bĂątir une rĂ©sidence d’étĂ©. Sans l’avoir recherchĂ©, le PrĂ©ventorium fait ainsi la promotion du HĂŽme. Vers 1964, le prĂ©ventorium est finalement dĂ©moli pour laisser place en 1969 Ă  la rĂ©sidence Saint-Joseph. À ce jour, seul subsiste, Ă  l’angle de la rue Guillaume le ConquĂ©rant et de l’avenue du Grand HĂŽtel, l’ancien pavillon d’isolement oĂč les petits malades contagieux Ă©taient mis en quarantaine. N°7 – Le poste de secours “Le Mora” En 1066, pendant six mois, Guillaume, qui n’est pas encore le ConquĂ©rant, rassemble sa flotte dans l’estuaire de la Dives, face au petit village de pĂȘcheurs de Dives-sur-Mer, pour y prĂ©parer la conquĂȘte de l’Angleterre. De nombreux bateaux mouillent Ă  Varaville. Le millier de grands navires servant au transport de l’armada exige une organisation et un espace considĂ©rables. Pendant six mois, il faut loger et nourrir les hommes et les chevaux, construire des magasins pour stocker les vivres et le matĂ©riel, forger des armes et des clous, cuire du pain
 En provenance de Barfleur, oĂč il a Ă©tĂ© construit, le navire amiral de Guillaume, le Mora », attend dans l’estuaire son appareillage pour Saint-ValĂ©ry-sur-Somme. Le Mora est un cadeau de la duchesse de Normandie, Mathilde de Flandre. À sa proue, un angelot dorĂ© dĂ©signe de son index droit l’Angleterre tandis que sa main gauche porte Ă  sa bouche un cor d’ivoire. En remerciement, le ConquĂ©rant offrira le riche comtĂ© de Kent Ă  la reine Mathilde. Le Mora et les autres navires de Guillaume ont Ă©tĂ© conçus dans l’esprit des navires vikings. À la maniĂšre de ses ancĂȘtres vikings, Guillaume l’équipera d’une girouette dorĂ©e. On s’est beaucoup interrogĂ© sur l’origine mĂȘme du nom Mora. Il pourrait avoir une origine noroise et faire rĂ©fĂ©rence Ă  l’élection des rois de SuĂšde oĂč, lors d’une assemblĂ©e appelĂ©e Thing de Mora », sur un monument de pierres connu sous le nom de Morasteinninn » la pierre de Mora », le futur roi est intronisĂ©. Ce choix exprimerait la volontĂ© de Guillaume de se faire couronner roi d’Angleterre. À moins qu’il ne soit l’anagramme du mot Amour » en latin ou qu’il ne dĂ©signe en ancien français la pointe d’une lance ou d’une Ă©pĂ©e, ce qui ferait de ce navire le fer de lance » destinĂ© Ă  conduire la traversĂ©e vers l’Angleterre, sous la protection de Dieu et de ses saints. . N°8 – Le golf de Cabourg-Le HĂŽme En 1907, Charles Bertrand, propriĂ©taire du Grand HĂŽtel de Cabourg et du casino, souhaite la crĂ©ation d’un golf. PlutĂŽt que d’acquĂ©rir des terrains dans les dunes en bord de mer, il utilise une partie du champ de courses au sud de l’avenue PrĂ©sident RenĂ© Coty. Il fait dessiner un premier parcours de 18 trous d’environ 6 000 mĂštres, rĂ©alisĂ© par Lane Jackson, un sportman anglais concepteur du golf du Touquet. Sur une superficie de 42 hectares, le nouveau parcours se compose d’une bande sablonneuse le long de la route et d’une autre dans le marais. Le 7 juillet 1907, lors de l’inauguration du golf, un match acharnĂ© oppose le champion du monde français Arnaud Massy, vainqueur du British Open, au professeur de golf Dominique, originaire comme lui de Biarritz. Le parcours est particuliĂšrement prisĂ© par la clientĂšle anglaise et amĂ©ricaine. En 1910, Charles Bertrand crĂ©e la sociĂ©tĂ© fermiĂšre des Grands Établissements » et y intĂšgre le Grand HĂŽtel, le Casino et les jardins. La Compagnie Ruhl » en devient le gestionnaire. Henry Ruhl, d’origine anglaise et naturalisĂ© Français en 1907, est un riche propriĂ©taire de 80 hĂŽtels et casinos de luxe Ă  Nice, Cannes, Paris, Le Havre. DĂ©sirant agrandir ce dernier en crĂ©ant de nouveaux links sur les dunes, la sociĂ©tĂ© fermiĂšre fermiĂšre des Grands Établissements contacte Lane Jackson qui, dĂ©jĂ  engagĂ© sur le projet de Stoke Park en Angleterre, transmet la demande Ă  son ami Harry Colt, une future cĂ©lĂ©britĂ© mondiale. Par manque de place pour crĂ©er un 18 trous » entiĂšrement en bord de mer, Colt propose une solution alternative il crĂ©era seulement cinq nouveaux trous cĂŽtĂ© mer et transformera les 18 premiers trous du marais en 13 trous. À l’époque, la rue Henri Deicke traverse encore le nouveau golf ». Sa dangerositĂ© entraĂźnera toutefois sa fermeture en 2001. En 1923, la SociĂ©tĂ© FermiĂšre des Grands Établissements » acquiert les 8 hectares sur lesquels se trouvent les cinq trous du golf des dunes ». Ouvert du 1er juin au 1er octobre, le parcours mesure 5 226 mĂštres pour un par 69. Les succĂšs s’enchaĂźnent de 1924 Ă  1927. MalgrĂ© tout, la crise de 1929 et l’ouverture du golf de Sarlabot Ă  Dives-sur-Mer en 1930 sonnent pour un temps le glas du golf de Cabourg le HĂŽme. En 1932, Cabourg dĂ©sire Ă  nouveau disposer d’un golf afin d’y attirer une clientĂšle aisĂ©e. La ville achĂšte 38 hectares de terrains au sud de l’avenue PrĂ©sident RenĂ© Coty et les loue Ă  la SociĂ©tĂ© du Golf et de l’AĂ©roport de Cabourg ». Les dunes », toujours propriĂ©tĂ© de la SociĂ©tĂ© FermiĂšre des Grands Établissements », sont quant Ă  elles louĂ©es Ă  la ville pour un denier symbolique. Toutefois, en dĂ©pit d’importants travaux de remise en Ă©tat, le succĂšs n’est pas au rendez-vous. En 1934, un an seulement aprĂšs sa rĂ©ouverture, la SociĂ©tĂ© du Golf et de l’AĂ©roport de Cabourg » est dĂ©clarĂ©e en faillite. Monsieur Desportes, directeur et professeur de golf, propose alors ses services et le golf rouvre ses portes en 1936. Mais, fin 1938, les comptes sont de nouveau catastrophiques et la ville abandonne. En 1952, Philippe Gintz fonde la Nouvelle SociĂ©tĂ© du Golf » et propose Ă  Cabourg de le recrĂ©er aprĂšs quinze ans d’abandon, principalement pendant la guerre. Le golf des dunes est alors louĂ© Ă  la SociĂ©tĂ© FermiĂšre des Grands Établissements », puis rachetĂ© par la ville de Cabourg en 1956. L’ancien club-house dĂ©truit est rebĂąti en planches. En 1963, la SCI Les Sables » achĂšte la dĂ©pendance de la villa du mĂȘme nom qui devient le nouveau club-house. En 1966, la reconstruction du golf se termine sur 20 hectares, il comporte 11 trous par 3 sur 4 500 mĂštres pour un par total de 64. En 1985, les villes de Cabourg et de Varaville s’associent pour crĂ©er un syndicat intercommunal qui achĂšte 23 hectares de terrain depuis la route vers le sud, dans le marais. L’annĂ©e suivante voit le dĂ©but des travaux d’agrandissement avec l’aide de l’architecte Olivier Brizon. Un practice et deux greens d’entraĂźnement voient le jour sur d’anciennes parties du golf de 1907. Le parcours remodelĂ© mesure dĂ©sormais 5 500 mĂštres pour un par 68 avec plusieurs obstacles d’eau. En 2008, la modification du trou n°6 porte le par Ă  69. N°9 – Le poste de secours “Les Seigneurs” En 1065, par l’intermĂ©diaire de l’archevĂȘque de Canterbury, le roi Édouard le Confesseur offre Ă  Guillaume de Normandie sa succession au trĂŽne d’Angleterre. Mais, Ă  sa mort, le 5 janvier 1066, Harold Godwinson, jeune chef du parti anglo-saxon, renie son serment de fidĂ©litĂ© et se fait proclamer roi par les nobles anglais. Il est sacrĂ© Ă  Westminster sous le nom d’Harold II. Par ce parjure, s’estimant dĂ©possĂ©dĂ© de son hĂ©ritage, Guillaume obtient l’appui du pape Alexandre II et se prĂ©pare Ă  traverser la Manche avec 8 000 hommes, dont 3 000 cavaliers, pour s’emparer du trĂŽne. Le 29 septembre 1066, il dĂ©barque dans la baie de Pevensey, dans le Sussex, alors que l’armĂ©e de Harold affronte Ă  Stamford Bridge le roi viking de NorvĂšge Harald Hardrada. Apprenant le dĂ©barquement de l’armada normande, Harold lance son armĂ©e Ă  marche forcĂ©e vers Hastings oĂč les Normands se sont retranchĂ©s. Le 14 octobre s’engage alors la bataille mythique, immortalisĂ©e par la Tapisserie de Bayeux, Ă  l’issue de laquelle Harold trouve la mort. Guillaume devient roi d’Angleterre. Parmi les compagnons du ConquĂ©rant, dont la liste, dressĂ©e par Arcisse de Caumont, est gravĂ©e au-dessus du portail d’entrĂ©e de l’église de Dives-sur-Mer, figurent les noms de deux chevaliers, Raoul de Beaufou et son frĂšre Guillaume, issus du lignage des seigneurs de Varaville. En rĂ©compense, Raoul de Beaufou 1040-1102 devient lord de Hockering et sheriff de Norfolk de 1091 Ă  1102. Quant Ă  son frĂšre Guillaume 1025-1091, il reçoit ou acquiert 251 manoirs dans le Norfolk et le Suffolk, et devient Ă©vĂȘque de Tetford Ă  la fin de sa vie, le 25 dĂ©cembre 1085. N°10 – La premiĂšre bataille de Varaville Harald Blatand – Fresque du XVIe siĂšcle Ă  la cathĂ©drale de Roskilde. En 936, Ă  la mort du roi Raoul de Bourgogne, la couronne des Francs revient Ă  Louis IV d’Outremer, fils de Charles le Simple. Revenu d’exil en Angleterre, Louis rĂȘve de revanche et songe Ă  reprendre au duc de Normandie, Guillaume Longue-ÉpĂ©e, les territoires jadis cĂ©dĂ©s par son pĂšre Ă  Rollon. En 943, la mort de Longue-ÉpĂ©e, dont le jeune hĂ©ritier Richard n’est encore qu’un enfant ĂągĂ© de douze ans, lui en donne l’occasion. L’historien normand Guillaume de JumiĂšges rapporte qu’un chef viking nommĂ© Harald est venu mener des raids vikings en Normandie, dans le Bessin et le Cotentin, oĂč la souverainetĂ© franque n’est pas encore clairement Ă©tablie sur les seigneurs bretons. C’est alors que Louis IV saisit lui aussi l’occasion pour envahir la Normandie Ă  la tĂȘte de son armĂ©e. En riposte, le rĂ©gent de Richard, Bernard, en appelle aux vikings de Harald afin qu’ils dĂ©fendent le jeune duc contre le roi franc. En 945, depuis le Cotentin, Harald et sa flotte dĂ©barquent sur la rive gauche de l’estuaire de la Dives, non loin du lieu-dit la Saline de Corbon », que Dudon de Saint-Quentin XIe siĂšcle et Robert Wace XIIe siĂšcle situent prĂšs de Varaville. Ils se dirigent ensuite vers le pont de Dives-sur-Mer oĂč une rencontre diplomatique est prĂ©vue entre les gens du roi et ceux du duc. ArrivĂ©s de chaque cĂŽtĂ© du pont, les deux parties en viennent rapidement aux armes. Les Normands prennent le dessus et parviennent Ă  capturer le roi Louis qui sera libĂ©rĂ© plus tard en Ă©change d’une forte rançon et de la promesse de ne plus attenter au pouvoir du jeune duc Richard. L’identitĂ© de ce Harald a fait couler beaucoup d’encre s’agirait-il, comme le veut la lĂ©gende, de Harald Ier Ă  la dent bleue, roi du Danemark exilĂ© par ses fils ? Pour l’anecdote, Harald Ă  la dent bleue devrait son surnom Ă  ses dents, gĂątĂ©es ou peut-ĂȘtre plus joliment colorĂ©es par les myrtilles, dont il aurait Ă©tĂ© extrĂȘmement friand
 Mais cette identification est trĂšs incertaine. Plusieurs chefs vikings, dont les noms nous sont inconnus, sont alors Ă©tablis en Normandie et les ducs de cette Ă©poque sont en mesure de s’attacher leurs services en cas de nĂ©cessitĂ©. Quoi qu’il en soit, Harald Ă  la dent bleue nous a bien lĂ©guĂ©, avec son nom, un Ă©trange hĂ©ritage. En 1997, IBM, Intel, Ericsson, Nokia et Toshiba travaillent au dĂ©veloppement d’une technologie permettant la communication entre appareils. Alors qu’ils cherchent un nom pour ce projet, deux ingĂ©nieurs d’Intel et Ericsson boivent un verre Ă  Toronto et, passionnĂ©s d’histoire, en viennent Ă  parler d’un livre retraçant la vie du roi Harald qui a unifiĂ© le Danemark et la NorvĂšge au Xe siĂšcle. Comme Harald Ă  la dent bleue Bluetooth en anglais, ils s’efforcent, eux aussi, d’unir des technologies de communication. Trouvant l’idĂ©e gĂ©niale, ils crĂ©ent alors un visuel reprĂ©sentant une pierre runique sur laquelle le roi Harald tient un tĂ©lĂ©phone dans une main et un ordinateur dans l’autre. L’équipe dĂ©cide de garder le nom de Bluetooth ». Le cĂ©lĂšbre logo bleu et blanc reprĂ©sente les initiales du roi danois, H et B, en alphabet runique, unies pour former ce symbole incontournable. N°11 – Le champ de courses et l’aĂ©rodrome En 1870, Jean Gimet, prĂ©fet du Calvados, annonce la naissance d’une sociĂ©tĂ© dans le but de crĂ©er un centre d’élevage et de courses hippiques. C’est ainsi que l’hippodrome s’installe Ă  Varaville, sur 42 hectares situĂ©s au sud de l’avenue PrĂ©sident RenĂ© Coty, depuis le golf actuel jusqu’à l’avenue GĂ©nĂ©ral Leclerc, 600 mĂštres plus loin. La piste de plat, longue de 2 200 mĂštres trot et galop, et la piste de steeple-chase 9 obstacles sont tracĂ©es Ă  travers les prĂ©s et ceinturĂ©es d’une barriĂšre Ă©questre blanche, composĂ©e de lices en bois sur laquelle s’appuient les spectateurs endimanchĂ©s. FrĂ©quemment inondĂ©es l’hiver, les pistes doivent ĂȘtre remises en Ă©tat chaque annĂ©e. De l’autre cĂŽtĂ© du champ de courses, prĂšs de la rue Saint-Charles, se trouve Le Village ». Cet ensemble de bĂątiments en forme de L, ouvert sur l’avenue PrĂ©sident RenĂ© Coty, est le haras de dressage des chevaux de course. Un ancien jockey, Gabriel Dijol, propriĂ©taire de la villa du mĂȘme nom, y est entraĂźneur. DĂ©but aoĂ»t, lors de deux jours de festivitĂ©s, des tribunes en bois sont montĂ©es pour accueillir les spectateurs de plus en plus nombreux. Elles sont ensuite dĂ©montĂ©es jusqu’à l’annĂ©e suivante. Les courses de Varaville succĂšdent alors Ă  celles de Caen qui ont lieu le premier dimanche d’aoĂ»t. Chacun y rivalise de parures, de tenues et d’équipages. Les concours hippiques sont un lieu de rendez-vous, de distraction et un concours d’élĂ©gance pour les dames. Le gotha de Cabourg aime s’y rendre ; ainsi Ă  proximitĂ© du Grand HĂŽtel de Cabourg, Marcel Proust et ses amis louent un fiacre qui les transporte jusqu’au HĂŽme. Les crĂ©ateurs du champ de courses parient sur l’attrait de ces manifestations Ă©questres Ă  la maniĂšre de Deauville. C’est une pĂ©riode faste et, au fil des annĂ©es, l’attrait de ces manifestations hippiques et de loisirs se confirme. En face de l’entrĂ©e, de nouvelles Ă©curies sont construites en dur. La Grande Guerre marque un coup d’arrĂȘt pour les courses mais, dĂšs la fin du conflit, le champ de courses revient Ă  la vie sous l’impulsion du gĂ©nĂ©ral Gossart, prĂ©sident d’une nouvelle sociĂ©tĂ©. Ce dernier possĂšde la villa le Manoir », au HĂŽme. Il est maire de Varaville de 1933 Ă  1937. La guerre dĂ©veloppe aussi l’industrie aĂ©ronautique. Le 1er mai 1919, une liaison aĂ©rienne voit le jour entre Paris et Cabourg et un accord est conclu entre la sociĂ©tĂ© du Grand HĂŽtel et Casino » et la sociĂ©tĂ© aĂ©ronautique Farman. DĂ©but mai, les hangars Farman, acheminĂ©s en gare de Dives-sur-Mer, sont installĂ©s par les soldats du gĂ©nie Ă  l’endroit rĂ©servĂ©, sur l’hippodrome, pour l’atterrissage des avions. Au mois d’aoĂ»t, les vacanciers peuvent ainsi, en surmontant le confort spartiate des fauteuils en osier, survoler la cĂŽte et se rendre en avion Ă  Paris en moins de deux heures. En 1928, le champ de courses du HĂŽme dĂ©mĂ©nage au profit du golf et s’installe au Bas-Cabourg, au terme d’une aventure hippique de 57 ans. Longtemps aprĂšs, une partie des terrains de l’ancien champ de courses serviront aussi aux bulbiculteurs de Varaville. N°12 – Le marais Les marais de nos jours collection privĂ©e. La basse vallĂ©e de la Dives abrite aujourd’hui 10 000 hectares de marais. Aux Ă©poques gauloise et romaine, la mer remonte jusqu’à Troarn. Des paysans peuplent ses rives ; Ă  Varaville ou Ă  Dives-sur-Mer, ils produisent du sel sur des fourneaux. Dives-sur-Mer accueille sans doute un port Ă  l’époque romaine. Puis, au cours du premier Moyen Âge, la mer se retire peu Ă  peu, laissant place Ă  l’eau douce. Cette Ă©poque voit la formation de nos villages, dont Varaville. Leurs habitants apprennent Ă  vivre au rythme de l’eau, des crues du fleuve et des marĂ©es. En 1022, Roger de Montgomery, un haut seigneur normand, fonde l’abbaye Saint-Martin de Troarn sur ses propres terres. En 1048, avec l’accord de Guillaume, il y installe des bĂ©nĂ©dictins. L’abbaye est en surplomb du marais ; sa dĂ©dicace a lieu en 1059. À partir de cette Ă©poque, les moines de Troarn exploitent de vastes Ă©tangs, des moulins, des pĂȘcheries, des roseliĂšres, des prairies Ă  travers tout le marais, ainsi que des salines dans l’estuaire. Le port et le marchĂ© de Dives-sur-Mer, les foires de Troarn se dĂ©veloppent. Les moines-ingĂ©nieurs dĂ©ploient ici un extraordinaire savoir-faire. Ils tracent des chemins, jettent des ponts, amĂ©nagent en canaux navigables des bras d’eau naturels, Ă©lĂšvent des digues
 Leur but n’est pas d’assĂ©cher le marais, mais d’en contrĂŽler l’eau. L’annĂ©e au marais se dĂ©compose en deux saisons de six mois, sĂ©parĂ©es par les Ă©quinoxes de printemps et d’automne. De mars Ă  septembre, on lĂšve les vannes et l’eau s’écoule vers la mer. Le marais devient vert et on y mĂšne paĂźtre le bĂ©tail. De septembre Ă  mars, les vannes sont baissĂ©es et l’eau revenue fertilise les prĂ©s et alimente Ă©tangs, pĂȘcheries et moulins. Les moines font alors grande provision d’anguilles pour les consommer toute l’annĂ©e. Ils Ă©lĂšvent aussi des cygnes. Cet Ă©quilibre s’est renversĂ© Ă  la fin du Moyen Âge, le recul de la mer, la sĂ©dimentation et les activitĂ©s humaines entraĂźnant le comblement graduel de l’estuaire et de la vallĂ©e. Au XVIIe siĂšcle disparaĂźt l’un des deux anciens bras de la Dives, en amont de Troarn, tandis que la Divette se rĂ©duit Ă  un modeste cours d’eau. On s’efforce alors de coucher le marais en herbe pour l’élevage bovin. Sous ordre du roi, des canaux de dessĂšchement sont creusĂ©s sur le modĂšle hollandais, puis les premiĂšres portes Ă  flots sont mises en place au Bas-Cabourg. Peu Ă  peu, l’estuaire lagunaire se couvre de prairies verdoyantes et les grandes fermes d’élevage d’Osseville et du HĂŽme voient le jour. LĂ  oĂč se rassemblaient les drakkars de Guillaume le ConquĂ©rant paissent dĂ©sormais moutons, vaches et bƓufs, sur d’immenses herbages quadrillĂ©s de fossĂ©s en eau et de haies. Parfois, en pĂ©riode de crue, le marais se couvre d’eau et blanchit », retrouvant son aspect d’autrefois. Au bord du chemin de l’Anguille se trouve la tombe de monsieur Audry, ingĂ©nieur en chef des travaux maritimes du Havre, ancien Ă©lĂšve de l’école des Ponts et ChaussĂ©es, qui le premier rĂ©ussit Ă  drainer le marais au moyen d’un rĂ©seau de canaux. En 1803, il y est inhumĂ© Ă  sa demande. Le marais est aujourd’hui sillonnĂ© par un dĂ©dale de chemins long de 35 kilomĂštres. Aulnes, saules, peupliers, aubĂ©pines, ormes, pruneliers bordent ses fossĂ©s, protĂšgent du vent, rĂ©gulent les eaux et fixent les berges. L’eau des fossĂ©s permet l’irrigation des champs et l’abreuvage du bĂ©tail. Elle est gĂ©rĂ©e grĂące Ă  un vannage, systĂšme de rĂ©gulation, passant par la Divette puis la Dives. Peupliers noirs et saules blancs hantent le paysage ce sont les trognes », arbres tĂȘtards appelĂ©s aussi tĂȘtus ». Les cavitĂ©s de leurs troncs sont des rĂ©servoirs de biodiversitĂ©. Ils ont fourni autrefois bois de chauffage ou osier pour la vannerie. La faune et la flore du marais sont exceptionnelles ; on y recense 167 espĂšces d’oiseaux sĂ©dentaires ou migrateurs dont la cigogne, 47 de mammifĂšres dont le ragondin, 557 d’invertĂ©brĂ©s dont l’agrion de Mercure, 5 de reptiles dont la couleuvre Ă  collier, 45 de poissons dont l’anguille, 14 d’amphibiens dont la grenouille verte, et enfin 840 espĂšces vĂ©gĂ©tales dont la nivĂ©ole d’étĂ©. Dans ce milieu remarquable et protĂ©gĂ© se cĂŽtoient aujourd’hui agriculteurs, pĂȘcheurs, chasseurs, randonneurs et naturalises. N°13 – La ferme du HĂŽme D’aprĂšs Jules Servette, le HĂŽme autrefois le Homme est au XIXe siĂšcle un petit hameau rĂ©unissant quelques maisons et surtout une grande ferme avec chapelle, Ă©tablies sur une sorte d’üle sĂ©parĂ©e de la plage par des dunes broussailleuses. Ce hameau dĂ©pend du bourg, paroisse de Varaville, fondĂ© au Moyen-Âge au dĂ©bouchĂ© ouest de la chaussĂ©e romaine qui permet de franchir les marais de la Dives. La grande ferme du HĂŽme a probablement succĂ©dĂ© Ă  un ancien manoir seigneurial. On trouve en effet mention en 1489 de l’achat d’une terre au Homme et au lieu-dit Suhomme par Robert Hugues Anzeray de la Hogue 1450-1518, Ă©cuyer et lieutenant gĂ©nĂ©ral du vicomte de Caen, Ă  Raoul de Saffray 1460-1511, propriĂ©taire d’une grande partie de la seigneurie de Varaville. Le nouveau propriĂ©taire fait Ă©riger lĂ  un manoir et devient ainsi le premier seigneur de Suhomme. À la demande des habitants qui ne peuvent se rendre l’hiver Ă  l’église du bourg en raison de l’impraticabilitĂ© des chemins inondĂ©s, il fait Ă©difier une petite chapelle sous le patronage de Saint-Christophe, qui sera dĂ©truite en 1789. Face au prĂ© dit de la chapelle », on retrouve les vestiges de son implantation enchĂąssĂ©e dans l’angle du pignon sud du bĂątiment du XVIe siĂšcle. La ferme actuelle conserve, dans une niche, une rĂ©plique du saint, sous l’invocation duquel est Ă©galement placĂ©e la nouvelle chapelle du HĂŽme en 1879. La ferme actuelle s’organise autour d’une vaste cour carrĂ©e de 80 mĂštres de cĂŽtĂ©. L’habitation principale est coiffĂ©e d’un clocheton qui a servi autrefois Ă  sonner l’angĂ©lus pour les ouvriers agricoles, au travail dans les herbages. Il vient d’ĂȘtre restaurĂ© Ă  l’identique le 17 septembre 2018. La cloche de 1880, baptisĂ©e Amandine Augustine », du nom de la propriĂ©taire madame Commeint veuve Philippe Dugrais, s’y trouve encore. La partie conservĂ©e la plus ancienne de la ferme, remontant au XVIe siĂšcle, correspond Ă  l’angle du fond de la cour ainsi qu’à la petite maison d’habitation du fermier. On accĂšde Ă  la cour depuis la route par deux belles portes cintrĂ©es en pierre de taille, construites Ă  la mĂȘme Ă©poque que la maison d’habitation dont la façade est datĂ©e de 1738. À cette Ă©poque, la ferme appartient encore aux descendants directs de Robert de la Hogue Catherine Moisant de Brieux et AndrĂ© de Costard de Bursard. En 1736, lors de la vente Ă  Gabriel Le Roy d’Hautemare, leur domaine comprend la terre et la ferme du Homme et de Suhomme, avec les dunes et les dunettes qui s’étendent jusqu’à la mer. Ils sont les derniers hĂ©ritiers de la seigneurie de Suhomme. Plus personne aprĂšs eux ne portera ce titre. En 1808, lors de la vente du domaine par les demoiselles Le Roy d’Hautemare, la propriĂ©tĂ© s’étend sur environ 188 hectares, dont 153 de dunes, et ne comporte plus la terre de Suhomme. En 1864, elle est revendue sur 220 hectares par le marquis Marc de Saint-Pierre Ă  Jacques MalhĂ©nĂ©. De part et d’autre de l’entrĂ©e, un chasse-roue » protĂšge l’embrasure de la porte des chocs causĂ©s par les roues des charrettes, cerclĂ©es de fer. La grange-Ă©table formant l’aile ouest date quant Ă  elle du XVIIe siĂšcle, et celle situĂ©e au sud de 1851. Des fouilles ont mis Ă  jour un pressoir dans son retour. Les meurtriĂšres » percĂ©es dans ses murs sont en rĂ©alitĂ© des trous d’aĂ©ration pour les animaux. On dĂ©nombre en outre 41 boulins ou trous de colombier, servant de nids aux pigeons, ce qui indique, dans la tradition normande, que la ferme a alors rĂ©gnĂ© sur un domaine de 20,5 hectares de marais. On relĂšve la prĂ©sence d’os de mouton insĂ©rĂ©s dans l’épaisseur des murs pignon sud des XVIe et XIXe siĂšcles. Imputrescibles, contrairement au bois, ils ont autrefois servi Ă  consolider et assĂ©cher les pierres, et ont supportĂ© une vigne courant sur toute la façade. Entre les bĂątiments du XVIe et du XVIIIe siĂšcles, un passage comporte six niches dont la fonction n’est pas connue ; on peut supposer qu’elles ont abritĂ© des petites statues ou des objets en rapport avec la vie agricole. Le cadastre de 1826 montre des bĂątiments aujourd’hui disparus des granges fermant la cour carrĂ©e et un bĂątiment sur le chemin des marais. Tout prĂšs de la ferme, le long du chemin des marais, subsiste un blockhaus intact qui a servi de N°14 – Les dĂ©portĂ©s-rĂ©sistants De droite Ă  gauche, Victor Laveille, Paul et Albert Marion collection privĂ©e. 1 – Albert Marion 1907-1988 Avec son frĂšre Paul, il fait partie du rĂ©seau ZĂ©ro-France. IngĂ©nieur au cadastre Ă  Caen, il renseigne les AlliĂ©s sur le mur de l’Atlantique. Le 12 avril 1944, Albert Marion est arrĂȘtĂ© lors d’une rafle qui dĂ©mantĂšle le rĂ©seau. Il est dĂ©portĂ© le 4 juin Ă  Neuengamme, puis transfĂ©rĂ© Ă  Falkensee, kommando de Sachsenhausen. C’est un dĂ©tachement issu du camp de Klinker qui sert de main-d’Ɠuvre dans les usines d’armement Demag » pour la fabrication d’obus et de chars lourds. À l’approche de l’ArmĂ©e rouge, les dĂ©portĂ©s nĂ©gocient la libĂ©ration du camp avec le commandement allemand. Le 24 avril 1945, le camp est abandonnĂ© puis libĂ©rĂ© par les SoviĂ©tiques deux jours plus tard. 2 – Paul Marion dit LĂ©o » 1919-2004 En juin 1939, engagĂ© dans l’ArmĂ©e de l’air, il est affectĂ© Ă  l’école d’aviation de Rochefort. ÉvacuĂš le 10 juin il incorpore le mouvement Jeunesse et Montagne ». DĂ©mobilisĂ© en juillet 1941, il se fait embaucher comme agent auxiliaire du cadastre et magasinier dans l’entreprise chargĂ©e de la construction de la batterie de Merville. Il accomplit, pour son frĂšre Albert, ses premiĂšres missions de renseignement au sein du rĂ©seau ZĂ©ro-France. En mai 1943, requis par le STO, il se rĂ©fugie dans la Creuse chez des amis. En aoĂ»t, Ă  23 ans, il intĂšgre le maquis de la Souterraine et rejoint une Ă©cole clandestine des FTPF » destinĂ©e Ă  former des chefs de maquis. En octobre, sous le pseudonyme de LĂ©o », il devient chef du dĂ©tachement Gardette » Ă  ClaviĂ©ras. Son groupe rĂ©ceptionne l’un des premiers parachutages d’armes destinĂ©s aux FTPF de Dordogne et s’illustre en dĂ©truisant des dizaines de locomotives, en sabotant des voies ferrĂ©es, des dĂ©pĂŽts de chemin de fer ou des usines rĂ©quisitionnĂ©es par l’occupant. Fin janvier 1944, il est nommĂ© responsable militaire rĂ©gional des FTPF pour toute la Dordogne. Le 22 fĂ©vrier, il est arrĂȘtĂ© Ă  Lesparat lors d’un contrĂŽle de la Gestapo qui prĂ©cĂšde un convoi de SS, puis internĂ© Ă  la prison de PĂ©rigueux d’oĂč il est ensuite transfĂ©rĂ©, le 30 mars, au camp de CompiĂšgne-Royallieu. DĂ©portĂ© le 6 avril 1944 vers Mauthausen, il est affectĂ© au kommando de Melk, sous le matricule KLM 62761 ». Il y travaille Ă  la construction d’une usine souterraine. EvacuĂ©s au camp d’ Ebensee, au Tyrol, il est libĂ©rĂ© par les AmĂ©ricains le 5 mai 1945. Il revient en France, avec sept de ses camarades rescapĂ©s, dans une voiture d’État-major dĂ©robĂ©e Ă  la Wehrmacht. 3 – Victor Laveille dit Jojo » 1924-2002 En 1941, Ă  16 ans, Joseph Danlos, rĂ©sistant Ă  Merville, le fait entrer au sein du rĂ©seau ZĂ©ro-France. En 1943, son ami Paul Marion le convainc d’intĂ©grer avec quatre autres jeunes, dont RenĂ©e Tisselli, son rĂ©seau de FTPF en Dordogne. Il y rejoint le groupe Gardette » sous le pseudonyme de Jojo ». Sous les ordres du commandant Duthil, il prend part Ă  de nombreuses actions de combat et de sabotage. Le 4 mars 1944, au lieu dit le Capelot, Ă  Sainte-Marie-de-Chigniac, son groupe monte une embuscade pour intercepter une voiture de miliciens et un convoi de dĂ©portĂ©s juifs. Mais alors que personne ne l’attend, un autre convoi, de la Division Brehmer, unitĂ© spĂ©cialisĂ©e dans la lutte contre les maquis, se prĂ©sente en provenance de PĂ©rigueux. RepĂ©rĂ©s, les FTPF ouvrent le feu tandis que les Allemands sautent des camions et entament leur chasse Ă  l’homme. Victor est capturĂ© et conduit Ă  la prison de PĂ©rigueux pour y ĂȘtre interrogĂ© et torturĂ©, puis internĂ© Ă  Limoges oĂč il y retrouve Paul Marion, qu’il feint de ne pas connaĂźtre. TransfĂ©rĂ© au camp de Royallieu, Ă  CompiĂšgne, il est dĂ©portĂ© le 4 avril 1944 vers Mauthausen oĂč il reçoit le matricule KLM 62661 ». Le 24 juillet 1944, Victor est affectĂ© au kommando d’ Ebensee oĂč il creuse des tunnels pour les usines d’armement, jusqu’à sa libĂ©ration par les AmĂ©ricains le 6 mai 1945 RenĂ©e Tisselli collection privĂ©e. 4 – RenĂ©e Tisselli 1921-2020 AprĂšs l’appel du 18 juin 1940, elle retranscrit les informations transmises Ă  la BBC et les diffuse sous forme de tracts. En dĂ©cembre 1943, Paul Marion la recrute. RenĂ©e est affectĂ©e au service des liaisons et renseignements. Parcourant la Dordogne Ă  vĂ©lo, elle transmet des consignes verbales aux maquis. Le 21 fĂ©vrier 1944, elle est arrĂȘtĂ©e dans son appartement lors d’un Ă©change de documents avec le responsable militaire interrĂ©gional. AprĂšs un violent interrogatoire, elle est incarcĂ©rĂ©e Ă  la prison du champ de foire de Limoges, puis dĂ©portĂ©e le 18 avril Ă  RavensbrĂŒck oĂč elle reçoit le matricule 50817 ». Sous les coups et les injures, douze heures par jour, les dĂ©portĂ©s doivent y assainir un marais, Ă  la pelle et Ă  la pioche. Le 4 juin, elle est transfĂ©rĂ©e au kommando de femmes d’Holleischen oĂč elle travaille pour l’usine de munitions Skoda. Le 3 mai 1945, le camp est libĂ©rĂ© par des partisans tchĂšques et polonais, puis RenĂ©e est rapatriĂ©e le 20 mai par l’armĂ©e amĂ©ricaine. N°15 – Le poste de secours “Le ConquĂ©rant” La flotte de plus d’un millier de grands navires, sans doute deux ou trois mille embarcations en tout, est rassemblĂ©e Ă  travers tout l’ancien estuaire de la Dives, qui forme une immense rade naturelle longue de cinq kilomĂštres et large de trois kilomĂštres, entre Cabourg Ă  l’ouest, Dives-sur-Mer Ă  l’est, et PĂ©riers-en-Auge et Varaville au sud. Des dizaines d’embarcations se sont alignĂ©es, Ă  Varaville, entre la vieille chaussĂ©e romaine et les dunes, sur les berges de la Dives et de la Divette. À cette Ă©poque, la mer entre profondĂ©ment dans l’estuaire et baigne la chaussĂ©e Ă  marĂ©e haute. Au sud s’étendent les marĂ©cages ; la terre ferme ne dĂ©passe pas, en rive gauche, le lieu-dit la Cour de la Maison ». Les dunes, dĂ©sertes, sont accessibles Ă  marĂ©e basse et l’on circule en barques dans le marais de l’estuaire. Cet immense rassemblement prend fin le 12 septembre 1066, peu avant l’aube, avec l’appareillage de la flotte pour Saint-ValĂ©ry-sur-Somme. Le duc de Normandie se prĂ©pare ainsi Ă  rentrer dans l’Histoire
 De nouveau s’ensuit une longue attente de vents favorables. Le 28 septembre, Guillaume apprend le dĂ©barquement de son rival le roi de NorvĂšge Harald Hardrada, en Yorkshire, au nord de l’Angleterre. Il dĂ©cide de reprendre la mer en fin d’aprĂšs-midi afin de profiter du fait que l’armĂ©e d’Harold Godwinson est aux prises avec les NorvĂ©giens. PortĂ© par le courant de jusant, la flotte normande atteint enfin la baie de Pevensey, dans le Sussex, Ă  l’aube de la Saint-Michel, le 29 septembre 1066. Guillaume et ses barons dĂ©barquent sans rencontrer de rĂ©sistance et marchent vers l’armĂ©e d’Harold, regroupĂ©e Ă  Hastings. La bataille qui s’ensuit le 14 octobre le consacre vainqueur de l’une des plus audacieuses expĂ©ditions de l’Histoire. Le 25 dĂ©cembre 1066, Guillaume de Normandie est sacrĂ© roi d’Angleterre dans l’abbaye de Westminster. N°16 – L’église Saint-Germain Vers 1210, pour le salut de son Ăąme, Robert de Beaufou donne l’église Saint-Germain de Varaville aux moines de Saint-Martin de Troarn. Cette dĂ©dicace est certainement trĂšs ancienne. En Normandie, tout comme l’invocation Ă  Saint-Martin, elle indique gĂ©nĂ©ralement une fondation du haut Moyen Âge et tĂ©moigne de l’anciennetĂ© du village et de la paroisse de Varaville, sans doute bien antĂ©rieurs Ă  l’an mil. Bien que loin de pouvoir rivaliser avec sa riche aĂźnĂ©e de Merville, l’église de Varaville conserve quelques trĂ©sors son chƓur du XIIIe siĂšcle de style gothique, sa tour centrale en bĂątiĂšre, probablement du XVe siĂšcle, une magnifique Vierge Ă  l’Enfant du XIVe siĂšcle, un grand christ en bois au regard douloureux tournĂ© vers le ciel et des fonts baptismaux Ă  godrons du XVIIe siĂšcle. En novembre 1932, en dĂ©plaçant l’autel vermoulu d’une chapelle dĂ©diĂ©e Ă  Saint-Marcouf, abattue en 1733 lors de la rĂ©fection de la nef de l’église, on dĂ©couvre une excavation sous le tombeau de l’autel. Des plĂątras et de la terre, on exhume des statues d’une rĂ©elle beautĂ© qui, bien qu’elles aient Ă©tĂ© brisĂ©es par les Huguenots lors des guerres de religion, ont traversĂ© les siĂšcles jusqu’à nous – Une Vierge couronnĂ©e et souriante tenant Ă  la main trois roses, avec le hanchement et le plissement droit caractĂ©ristiques du XIVe siĂšcle ; elle est intacte mais l’Enfant manque. L’abbĂ© Étienne fait alors appel au sculpteur caennais Henri-Joseph Bouet qui restitue le sujet manquant. La statue, en pierre, est haute de 120 centimĂštres. Elle reprend sa place dans une chapelle du transept ; – Une statue en pierre de Saint-Germain, abbĂ© mitrĂ©, replacĂ©e en face de la Vierge sur l’autel, haute de 130 centimĂštres ; – Une statue en pierre de Saint-Marcouf, enfant de Bayeux, haute de 1 mĂštre ; – Une statue en bois de Saint-Augustin, Ă©vĂȘque, du XVIIe siĂšcle, haute de 160 centimĂštres, don d’une famille varavillaise qui l’avait reçue en hĂ©ritage. En 1944, les bombardements alliĂ©s dĂ©truisent la nef de l’église Saint-Germain et les Allemands font sauter le clocher avant de partir. Une cloche, fondue et installĂ©e en 1816 dans le vieux clocher, est retrouvĂ©e parmi les dĂ©combres et rapportĂ©e au HĂŽme afin d’ĂȘtre hissĂ©e dans le nouveau clocher de la chapelle Saint-Joseph. Le chƓur du XIIIe siĂšcle n’a pas conservĂ© sa voĂ»te d’origine mais deux murs intacts en subsistent, tandis qu’un troisiĂšme est ouvert en 1944 par une large brĂšche sur toute sa hauteur. On le couvre aprĂšs-guerre d’une toiture en tĂŽle et la brĂšche est provisoirement masquĂ©e par une palissade. L’église devant ĂȘtre reconstruite entiĂšrement, le projet de Simon Vermont sera retenu en 1951. Entre-temps, en 1949, l’évĂȘque Monseigneur Picaut bĂ©nit la cloche neuve de la future Ă©glise qui, en attendant l’achĂšvement du chantier de reconstruction, est installĂ©e dans un campanile, Ă  l’entrĂ©e du cimetiĂšre. Au terme d’une longue attente, le 26 juillet 1963, la nouvelle Ă©glise de Varaville est enfin consacrĂ©e. Deux cloches neuves, fondues Ă  Villedieu-les-PoĂȘles et baptisĂ©es NoĂ«lle-Brigitte-Marie-Jeanne-Lucienne et Louise-Suzanne-Laurence-ThĂ©rĂšse, rejoignent celle dĂ©jĂ  bĂ©nie en 1949. L’abbĂ© Étienne, qui se dĂ©sole de la destruction de la statue de la Vierge, brisĂ©e en quatorze morceaux, a la joie de la voir regagner sa place le jour de la dĂ©dicace, aprĂšs sa restauration complĂšte par un sculpteur espagnol. À ce jour, on retrouve dans l’église Saint-Germain le grand Christ en bois dominant l’autel, les fonts baptismaux et surtout la belle Vierge Ă  l’Enfant du XIVe siĂšcle, tous trois rescapĂ©s de la guerre. Le chƓur conserve l’épitaphe de Jacques de Saffray, seigneur de Varaville. RedĂ©couverte en 1895 aprĂšs de longs siĂšcles, cachĂ©e sous une boiserie, elle est descellĂ©e lors de la destruction de l’église en 1944 et replacĂ©e sur le mur nord. N°17 – La naissance de Varaville Des vestiges de salines gauloises ont Ă©tĂ©s mis au jour Ă  Varaville, tĂ©moignant de l’anciennetĂ© de son peuplement. Au dĂ©but de notre Ăšre, les lĂ©gionnaires romains crĂ©ent une route droite et surĂ©levĂ©e permettant de franchir le marais, entre Varaville et PĂ©riers-en-Auge. Longue de quatre kilomĂštres, elle offre l’aspect d’une haute digue de pierre, reliĂ©e aux ponts de la Divette et de la Dives. Jusqu’alors, on ne peut franchir cet espace que trĂšs en amont, Ă  hauteur de FrĂ©nouville. DĂ©sormais, la Dives devient franchissable en aval du port de Dives-sur-Mer, oĂč un autre passage, dĂ» peut-ĂȘtre lui aussi aux Romains, existe certainement au haut Moyen Âge. En aval de la chaussĂ©e de Varaville, l’estuaire forme une vaste lagune protĂ©gĂ©e de la mer par un cordon de dunes. La mer, Ă  chaque marĂ©e, s’y engouffre et vient baigner le pied de la chaussĂ©e qui l’empĂȘche de remonter dans les terres. Les habitants de Varaville cultivent alors des terres situĂ©es de l’autre cĂŽtĂ©, au sud. Au nord s’étendent les grĂšves et les petites Ăźles ou hogues », sur lesquelles ils produisent du sel au printemps et mĂšnent leurs troupeaux de moutons. Le village, dotĂ© d’une Ă©glise dĂ©diĂ©e Ă  saint-Germain, se dĂ©veloppe au cours du haut Moyen Âge, non loin de la petite agglomĂ©ration portuaire de Dives-sur-Mer. À partir des annĂ©es 860, de grandes armĂ©es de vikings venues d’Angleterre lancent des raids dans la basse Seine et alentour. Ils en viennent rapidement Ă  hiverner sur place, sur des Ăźles de la Seine ou dans de petits ports, depuis lesquels ils partent, en bateau ou Ă  cheval, piller villes, abbayes et Ă©glises. Il est fait mention Ă  plusieurs reprises de la prĂ©sence de bandes vikings dans l’estuaire de la Dives entre 860 et 911. De leur base, sans doute situĂ©e prĂšs de Dives-sur-Mer ou de Varaville, ils partent en expĂ©dition vers Chartres ou Paris. On ignore quelles relations ils entretiennent avec les locaux violentes ou amicales ? En 911, par le traitĂ© de Saint-Clair-sur-Epte, les vikings de la Seine reçoivent le droit de s’établir en Haute-Normandie, autour de Rouen. En 924, grĂące Ă  son ralliement Ă  Raoul, nouveau roi des Francs, Rollon adjoint Ă  son domaine les diocĂšses de Bayeux et du Mans. La basse Dives et Varaville entrent officiellement dans le domaine des premiers ducs de Normandie. En 1066, deux seigneurs de Varaville, les frĂšres Raoul et Guillaume de Beaufou, prennent part Ă  la conquĂȘte de l’Angleterre. Leur hĂ©ritier, Robert II de Beaufou, apparaĂźt parmi les vassaux du comte d’Évreux, Ă  qui appartient la haute autoritĂ© sur Varaville, symbolisĂ©e par le chĂąteau Ă  motte qui se dresse Ă  l’entrĂ©e ouest du bourg. Vers 1096, dans une charte, Guillaume, comte d’Évreux, fait don du fief de l’église de Varaville et du fief salinier Ă  l’abbaye de Troarn, au dĂ©triment de son vassal. Robert II de Beaufou, seigneur de Varaville, conserve nĂ©anmoins une grande partie du territoire. Plusieurs fois contestĂ©s par ses descendants, un procĂšs confirmera en 1289 les droits de l’abbaye au dĂ©triment de Guillaume de Boutevillain, son arriĂšre-petit-fils. Au cours du XIIe siĂšcle, Robert de Beaufou marie sa fille au chevalier Hugues de Boutevillain. Elle reçoit en dot le reliquat du fief des Beaufou Ă  Varaville. En 1220, ils fondent une lĂ©proserie avec une chapelle. Les paysans de Varaville s’activent, Ă  cette Ă©poque, Ă  creuser des canaux et des digues autour de la chaussĂ©e, de sorte Ă  gagner des terres sur la mer, au nord. Ils cultivent les grĂšves et y Ă©lĂšvent des moutons ; au printemps, ils y produisent du sel. Ce sont aussi des pĂȘcheurs de poissons et de coquillages, ainsi que des chasseurs, d’oiseaux en particulier hĂ©rons, butors, canards qu’ils capturent Ă  l’aide de filets. En 1372, les Anglais menacent la Normandie et le vieux chĂąteau de Varaville est restaurĂ© afin de dĂ©fendre la chaussĂ©e. Toutefois, les Anglais s’emparent de la province en 1417 et les Saffray, hĂ©ritiers des Boutevillain, doivent s’exiler en 1422. Henri V d’Angleterre confisque leur fief pour le cĂ©der Ă  son Ă©cuyer et trĂ©sorier, Guillaume Alyngton. En 1453, au terme de la guerre de Cent Ans, le sieur de Saffray se voit restituer son fief par Charles VII et y reconstruit une rĂ©sidence au goĂ»t du jour qui abritera sa descendance jusqu’en 1907. Lors des guerres de religion, Jacques de Saffray 1542-1602 prend part aux batailles de Dreux et d’Arques, avant d’ĂȘtre inhumĂ© en 1594 dans le chƓur de l’église Saint-Germain de Varaville oĂč son Ă©pitaphe est gravĂ©e sur une stĂšle. L’épitaphe de Jacques de Saffray. N°18 – Le chĂąteau et le haras de Varaville Le chĂąteau de Varaville avant son incendie collection privĂ©e. PÉRIODE ANCIENNE Au XIIe siĂšcle, Robert de Beaufou, l’un des principaux seigneurs de la rĂ©gion, marie sa fille au chevalier Hugues de Boutevillain qui reçoit en dot le reliquat du fief de Varaville. Les Boutevillain construisent un chĂąteau fĂ©odal Ă  l’entrĂ©e du bourg et au sortir de la grande forĂȘt dont subsiste aujourd’hui le bois de Bavent. En 1220, une lĂ©proserie avec chapelle est fondĂ©e Ă  l’emplacement des plus anciens bĂątiments du haras actuel. Une demoiselle Boutevillain, hĂ©ritiĂšre du fief de Varaville, Ă©pouse plus tard le sieur de Saffray, dont la famille s’exile en 1422 plutĂŽt que de rendre hommage au roi d’Angleterre. Ses biens sont alors confisquĂ©s par Henri V d’Angleterre et cĂ©dĂ©s par celui-ci Ă  son Ă©cuyer et trĂ©sorier pour la Normandie, Guillaume Alyngton. De retour d’exil aprĂšs le dĂ©part des Anglais, le sieur de Saffray construit un nouveau chĂąteau plus confortable. L’un de ses descendants, Jacques de Saffray, se distingue lors des batailles de Dreux 1562 et d’Arques 1589. À sa mort, en 1594, il est inhumĂ© dans le chƓur de l’église de Varaville oĂč une stĂšle porte son Ă©pitaphe. Charles-Marie de Cauvigny 1841-1907 est le dernier propriĂ©taire-exploitant du lignage qui aura vĂ©cu au chĂąteau de Varaville pendant huit siĂšcles. PÉRIODE HOBSON Au lendemain de la PremiĂšre Guerre mondiale, ClĂ©ment Hobson devient le propriĂ©taire du domaine. Il y crĂ©e un haras oĂč il dĂ©veloppe avec succĂšs l’élevage de chevaux de course. Il amĂ©nage un jardin Ă  la française dotĂ© d’une superbe allĂ©e transformĂ©e en roseraie, servant d’accĂšs Ă  la demeure, et construit les communs de style normand ainsi que le superbe pavillon appelĂ© aussi manoir servant d’entrĂ©e secondaire. Rendu presque aveugle Ă  la suite d’un accident, il est contraint de cesser ses activitĂ©s et s’installe Ă  demeure au chĂąteau. Dans la nuit du 29 novembre 1934, alors qu’il venait de passer la soirĂ©e en compagnie de l’abbĂ© Étienne, curĂ© de Varaville, un incendie se dĂ©clare au chĂąteau Ă  cause d’une bĂ»che tombĂ©e de la cheminĂ©e. AttisĂ© par les 1 000 litres d’eau-de-vie entreposĂ©s dans la cave, le sinistre prend des proportions effrayantes. Si ClĂ©ment Hobson et sa dame de compagnie, mademoiselle Morgenthaler, sont indemnes, du chĂąteau il ne reste que les murs. Les riches collections d’Ɠuvres d’art, les meubles et une bibliothĂšque trĂšs rare sont anĂ©antis. LA SECONDE GUERRE MONDIALE Le 6 juin 1944, les Allemands occupent le haras et y installe un canon. Un ensemble de bunkers et de tranchĂ©es y est construit. Leur reddition se fait au prix de combats meurtriers contre les parachutistes canadiens. Jusqu’à la libĂ©ration dĂ©finitive le 18 aoĂ»t 1944, les bombardements occasionnent d’énormes dĂ©gĂąts sur les bĂątiments des Ă©curies et du manoir. PÉRIODE VAN ZUYLEN En 1964, le baron Thierry Van Zuylen achĂšte la propriĂ©tĂ© afin d’y Ă©lever des purs-sangs. Le domaine est alors constituĂ© de bĂątiments d’ñges et de styles diffĂ©rents granges et pressoir du XVIIIe siĂšcle, Ă©curies, petit manĂšge, maisons du rĂ©gisseur et des employĂ©s, manoir de style normand et ruines du chĂąteau. En 1966, il confie le projet d’une nouvelle rĂ©sidence d’étĂ© Ă  l’architecte amĂ©ricain Peter Harnden. RĂ©alisĂ©e en 1968, la maison d’habitation, inspirĂ©e des villas californiennes, comprend deux ailes pour les enfants et les domestiques, une cour et des garages. Une partie des toitures est vĂ©gĂ©talisĂ©e tandis que les grandes baies de la maison ouvrent sur les jardins que la baronne Gabrielle a fait rĂ©aliser par le paysagiste Russel Page. La maison est au centre d’un Ă©crin verdoyant constituĂ© de massifs de vivaces autour d’une grande pelouse centrale. Une magnifique allĂ©e de cerisiers relie le manoir Ă  la maison. On comptait par centaines les rosiers icebergs plantĂ©s dans ces splendides jardins. N°19 – La deuxiĂšme bataille de Varaville En 1057, dĂ©sirant reprendre possession du duchĂ© de Normandie, le roi de France Henri Ier s’allie Ă  Geoffroy Martel, comte d’Anjou contre Guillaume le BĂątard. Par surprise, leur armĂ©e pĂ©nĂštre en Normandie, depuis Alençon. En fĂ©vrier, elle s’empare d’Exmes et brĂ»le les villes et les bourgs vers Saint-Pierre-sur-Dives, puis dĂ©passe Caen et atteint la Seulles sur la route de Bayeux. De lĂ , elle bifurque alors vers l’est, en direction de Rouen, afin d’emprunter la vieille chaussĂ©e romaine de Varaville. Depuis sa place forte de Falaise, Guillaume ne manifeste jusque-lĂ  aucune opposition et se borne Ă  renforcer ses chĂąteaux en laissant l’envahisseur s’avancer dans ses terres. Puis, le 22 mars, informĂ© par ses Ă©claireurs, il les attend avec 700 hommes d’armes, cachĂ©s dans les bois de Bavent. L’armĂ©e franco-angevine s’engage alors sur la chaussĂ©e de Varaville, Ă  marĂ©e haute, lorsque la mer vient battre ses pieds. Sur l’étroit passage, elle forme une longue file encombrĂ©e de chariots et de butin. Pendant que l’armĂ©e royale avance, Guillaume divise son armĂ©e en deux. Une troupe de cavaliers est envoyĂ©e au sud pour traverser les marais par un guĂ© Ă  Robehomme, puis remonter au nord pour prendre la colonne française de flanc. Guillaume lance alors ses troupes et charge l’arriĂšre-garde commandĂ©e par le comte du Berry, sous une pluie de flĂšches tirĂ©es par des archers invisibles. C’est l’hĂ©catombe les chevaux s’emballent et piĂ©tinent tout sur leur passage, bousculant les troupes engagĂ©es sur la chaussĂ©e qui tombent Ă  l’eau et se noient. Le roi Henri, en tĂȘte de la colonne, a dĂ©jĂ  gagnĂ© l’autre rive lorsqu’il dĂ©couvre, impuissant, la charge des Normands, depuis la rive opposĂ©e. La mer est haute, l’eau s’engouffre sous le pont de bois qui enjambe la Dives devant la Croix-Kerpin, Ă  PĂ©riers-en-Auge. PressĂ©e par l’arriĂšre-garde, l’armĂ©e royale se prĂ©cipite vers le pont qui s’effondre sous le poids des hommes, des chevaux et des chariots, entraĂźnĂ©s dans les flots. Ceux qui n’ont pu franchir le pont sont noyĂ©s, tuĂ©s ou faits prisonniers. Français et Angevins, en dĂ©route, ne peuvent riposter et le comte du Berry succombe c’est un vĂ©ritable dĂ©sastre ! Impuissant, le roi endure une cuisante dĂ©faite qui sonne le glas de ses ambitions normandes
 En 1059, Henri Ier signe la paix avec Guillaume et lui cĂšde le chĂąteau de TilliĂšres-sur-Avre, dans l’Eure. Il s’éteint en aoĂ»t 1060. À la mort de son beau-frĂšre, Baudoin V de Flandre, oncle de Guillaume par son mariage avec AdĂšle de France, se voit confier la rĂ©gence du royaume en l’attente de la majoritĂ© de Philippe Ier, jeune hĂ©ritier de la couronne. Quant Ă  Geoffroy Martel, il se fait moine et son successeur, Geoffroy le Barbu, renonce dĂ©finitivement Ă  ses vues sur la Normandie. À partir de la victoire de Varaville, la Normandie s’émancipe de la tutelle du roi de France qui n’est dĂ©sormais plus une menace sĂ©rieuse ; Guillaume peut dĂšs lors consolider son pouvoir et envisager d’autres conquĂȘtes. Neuf ans plus tard, ce sera celle de la couronne de l’Angleterre. commission histoire et patrimoine PrĂ©sident Jean-Luc Pouille Consultant histoire Vincent Carpentier Christian Camart Vianney Klein Raymond Larrey Line MonchĂątre Dominique Plombin Brigitte Ponthieu Jean-François Poussin

au fil des jours au gré du temps